Voyage en Alaska avec Eliott Schonfeld

On avait quitté Eliott Schonfeld à cheval du côté de la Mongolie, on le retrouve au cœur de la très sauvage Alaska en mode aventurier. Je reste toujours admiratif face à ceux qui osent partir, franchir le pas, s’éloigner de leur zone de confort, trouver l’aventure sans contrepartie aucune. 

On a envie de ressortir ses classiques, Nicolas Bouvier (« L’usage du monde »), Paul-Emile Victor (« Boréal ») ou Pete Fomm (« Indian creek »)…

Eliott ne fait pas les choses à moitié, il s’est acheté un canoë et a descendu la Yukon River sur plus de 1800 km. La seconde partie de son périple se fera à pied, soit une marche de 900km à travers la toundra et les montagnes de Brooks jusqu’à l’océan Arctique. Toujours seul, en autonomie totale et avec pour unique compagnie les grizzlis, les loups et toute la faune du Grand Nord. Un parcours jamais réalisé auparavant.

Un joli clip qui résume assez bien les 3 mois passés à arpenter les plus beaux paysages de l’Amérique du Nord.

Allez hop, on embarque pour l’Alaska.

Merci à Eliott pour son temps et son énergie. A quand un récit de ce voyage* ? 


Quitter la modernité, survivre, devenir autonome

Je voulais partir en Alaska parce que c’est un des derniers territoires véritablement sauvages du monde. C’est un territoire immense et très peu habité par les hommes. Là-bas la nature est authentique, intouchée, les infrastructures humaines sont rares. Je voulais fuir la société moderne et me rendre dans son exact opposé, à savoir la nature sauvage, pour voir si je parvenais à survivre plusieurs mois hors de la modernité, si je pouvais m’adapter à ce nouveau milieu, si je pouvais devenir autonome et parvenir à faire tout avec ce qui se trouve dans la nature. L’Alaska m’a permit d’atteindre en partie mon but. Pour la première fois de ma vie, je suis parvenu là-bas, à me nourrir par mes propres moyens une grande partie du temps, en pêchant et en cueillant des myrtilles, des groseilles et des champignons.

Into the wild, face à la nature sauvage

Chaque jour, je pagayais ou je marchais plusieurs heures (1 mois et demi de canoë, puis un mois et demi de marche), le matin et le soir je faisais une récolte de fruits et dès que j’avais l’occasion, je pêchais pour attraper mon déjeuner ou mon dîner. Après huit heures à pagayer ou à marcher je plantais ma tante dans un endroit que j’aimais bien, je faisais un feu pour manger, puis j’allais accrocher toutes mes affaires odorantes (produit moustique, dentifrice, gamelle dans laquelle je cuisine, …) au sommet d’un arbre pour ne pas attirer les ours dans mon camp.



C’était la première fois de ma vie que je me retrouvais aussi longtemps seul dans une nature aussi sauvage. J’ai passé des semaines et des semaines sans voir aucun signe d’humanité. Mes seuls compagnons étaient les grizzlys que je croisais quotidiennement et tous les animaux du grand nord. J’avais l’impression de découvrir l’origine du monde, l’origine du vivant. Malgré la faim, la douleur et la fatigue, j’ai réalisé à quel point être là me rendait libre, vivant et heureux. Je n’ai jamais eu le sentiment de survivre mais toujours de vivre pleinement.

Ce film en est le témoignage.

Tournage du film

J’ai tourné ce film seul, à l’excepté de trois jours sur la rivière du Yukon, où j’ai rencontré un espagnol qui m’a aidé à faire des plans et je rechargeais mes batteries grâce à un panneau solaire. Quotidiennement, je filmais, les paysages, les animaux, mes ressentis… Le plus fatiguant étaient les plans en canoë, je devais m’arrêter, marcher sur la rive, poser la caméra, revenir chercher mon bateau, pagayer, passer devant la caméra, m’arrêter à nouveau et revenir éteindre la caméra.

Emotions fortes…

Mon meilleur souvenir s’est déroulé après environ 3 semaines de marche. J’ai quitté la forêt, puis j’ai fait mes premiers pas dans la toundra, cette partie du monde où il fait si froid que plus aucun arbre n’y pousse. J’ai avancé dans une immense plaine parsemée de mousses et de lichens, de toutes les couleurs imaginables, comme si je marchais sur une peinture, l’horizon dégagé à des kilomètres sur les somptueuses montagnes de Brooks, vers lesquelles je me dirige.

…Rencontre avec un grizzly

Je marchais quand soudain, une grosse chose m’a extirpé de mes pensées. Un énorme grizzly m’a chargé du haut d’une colline et a foncé vers moi en courant avant de s’arrêter à 10 mètres de distance. Le temps s’est arrêté, j’ai senti mon coeur s’emballer. On s’est regardé pendant environ dix secondes, partagé entre la peur et le bonheur pur, de me retrouver à quelques pas d’un des animaux les plus beaux et dangereux que j’ai rencontré. Sans aucun doute les dix secondes les plus intenses de ma vie. Puis il est repartit en courant, comme un enfant, ravi de m’avoir effrayé.

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