Montpellier Loves Street Art
C’est l’été et vous êtes sans doute nombreux à vouloir changer d’air pour aller visiter d’autres horizons. J’imagine que comme moi, vous aimez vous laisser perdre dans les rues d’une cité inconnue, les yeux à l’affut de la moindre imperfection graphique sur un mur ou un toit…
« L’art est dans la rue » chantait haut et fort Michel Cloup de Diabologum en 1994 ! Pour rendre accessible cet art souvent éphémère, il faut des anonymes qui militent au quotidien pour nous offrir de très beaux événements (happening, expositions,…). Aujourd’hui, je suis extrèmement heureux de donner la parole à Coralie M. qui s’agite depuis quelques années avec son association Montpellier Loves Street Art.
1/ Pour ceux qui découvriraient ton nom, tu peux te présenter ?
Salut Walter, je m’appelle Coralie, je vis à Montpellier depuis presque 30 ans. Après une expatriation de 4 ans à Tahiti, j’ai eu envie de retrouver la jungle urbaine (rires).
Depuis mon retour en France en 2004, je suis le mouvement du Street Art à travers mes voyages et comme collectionneuse. J’ai eu envie de partager ma passion avec le plus grand nombre, quelque soit leur âge ou leur milieu, autrement qu’à travers une galerie, ayant été échaudée moi-même par le contact avec celles d’ici.
J’ai monté mon premier event « Home Street Home » en janvier 2014. J’avais invité 17 Street Artistes, comme Levalet, Kashink, Stoul et des artistes locaux aussi, Monsieur BMX, Al Sticking, …à investir chacun(e) une pièce d’une maison atypique destinée à la démolition, dont les murs leur servaient aussi de galerie éphémère.

©Kashink
Ce premier coup d’essai a été un gros succès. Des milliers de personnes sont venus dans le week-end, avec plein de chouettes retours du public et de la presse. Ça m’a donné envie de continuer ma démarche en créant mon association, Montpellier Loves Street Art.
2/ En quoi te distingues-tu des autres pages, blogs dédiés au Street Art ?
J’organise bénévolement mes propres events : je lance des concepts différents à chaque fois, dans des lieux atypiques de préférence, avec parfois un thème comme la musique en juin dernier. J’active mon réseau artistique, je trouve les mécènes, je m’occupe de la comm’, j’adore toute cette partie-là en amont. Au fil du temps, je me suis débarrassée de la partie galerie, tout en laissant à l’artiste la possibilité de vendre en direct pendant l’event.

Garden P(Arty) – 2015
Après 4 events majeurs en 2 ans, dont le dernier Garden P(Arty) dans les jardins d’un château du 17ème siècle, je privilégie maintenant une approche plus intimiste, avec des évènements mettant en avant un ou deux artistes. Cela me permet de ne pas avoir besoin d’une grosse logistique et d’avoir ainsi plus de liberté encore.
J’édite aussi des Ebooks gratuits, sous forme d’ITW et de reportages, j’en suis au 6ème numéro. Je rencontre les artistes dans leur atelier et les accompagne dans la rue. Grâce au lien de confiance que j’instaure avec eux, le public peut mieux connaitre leur univers et découvrir tout le travail que demande chaque œuvre vue dans la rue.
3/ Montpellier laisse peu de place pour l’art urbain, quels sont les projets sur lesquels vous travaillez avec Montpellier Loves Street Art, ton association ?
Contrairement à sa petite sœur, Sète, qui a le Festival K live, ou à sa grande sœur, Toulouse, avec le festival Rose béton, la ville de Montpellier ne se bouge pas pour le Street Art.

« Montpellier fait le mur » – 2014
Il n’y a pas de subventions pour les associations, ni de festivals organisés par la ville et c’est mission impossible pour avoir des lieux d’exposition ou des murs d’expression libre, à moins d’être une galerie et d’avoir le bon réseau auprès des élus…
Ce sont donc nos Street artistes locaux qui se bougent pour faire vivre artistiquement notre ville et les montpelliérain(e)s, qui sont fans de Street Art, qui font une grande place dans leur cœur à l’art urbain.
J’ai toujours plein de projets en tête. J’aime me renouveler, d’autant que le Street Art est un mouvement qui est de plus en plus récupéré je trouve, que ce soit par la pub ou les institutions. L’idée est donc de faire en sorte de garder du sens à tout ça et de ne pas lasser les gens, moi la première ! En ce moment, j’essaye de monter un projet qui me tient à cœur depuis longtemps, dans un lieu vraiment atypique avec un artiste très connu, mais c’est long et compliqué….J’ai des idées aussi pour élargir l’horizon de mon association… Si cela se fait, tu seras le premier informé ! (NDLR : Merci !!!)
4/ Tu pourrais nous présenter ou nous faire découvrir quelques artistes locaux qui émergent de la scène du sud ?

©BAULT

©BAULT

©BAULT
Tu connais sûrement le travail de BAULT,qui est un artiste du coin, qui sévit sur Paris maintenant et est invité dans pas mal de festival de qualité. Quand tu vois une de ses fresques, tu reconnais immédiatement sa patte, je trouve que c’est le cas des grands artistes. Ses créatures sont fascinantes…

© Monsieur BMX

© Monsieur BMX
Nous avons aussi sur Montpellier l’artiste urbain qui fait surgir des demi-vélos des murs au coin des rues, Monsieur BMX. Je pense que parmi nos street artistes locaux, c’est celui qui est le plus provocateur et le plus audacieux. Je l’avais invité pour Home Street Home et il a joué le jeu de l’ITW pour mon second Ebook, on s’était bien marrés !
5/ A la manière d’ARTS FACTORY, tu envisages d’ouvrir une véritable galerie et défendre les intérêts des artistes ?
Pas du tout (rires) ! Je préfère les mettre en avant comme je le fais aujourd’hui, ou alors trouver un moyen de le faire qui sorte de l’ordinaire… Pour Home Street Home, la galerie éphémère n’avait duré qu’un week-end pendant l’évènement lui-même, les œuvres étant accrochées dans leur pièce en interaction avec leurs fresques. Les photos avaient mises ensuite en ligne, plus en souvenir et pour permettre aux absents de les voir aussi, que pour vendre.
Et puis, en tant que collectionneuse d’art urbain, je trouve qu’acheter en ligne, sans contact avec l’artiste, perd pour moi tout son intérêt. Quand j’achète une œuvre, j’aime savoir qui se cache derrière, échanger avec lui/elle, ce que peu de galeries permettent, alors, une galerie virtuelle…
6/ On se quitte sur un exercice pas toujours facile : le top 5
J’adore ce genre d’exercice !
Ton artiste / œuvre pour laquelle tu pourrais faire des choses illégale ? Si par illégal, tu parles de les accompagner pour peindre dans la rue sans autorisation par exemple, je le fais déjà régulièrement avec tous (sourire).

©Guaté Mao
Je viens justement de faire la connaissance du pochoiriste Guaté Mao, dont j’ai découvert le travail à Montpellier. Je l’ai accompagné dans le Marais à Paris, pour aller peindre dans la rue, en pleine journée dans une rue chic bordée de galeries (sourires)
Un livre / BD / revue pour aller à la plage ?
« Phallaina » de Marietta Ren, une BD défilante sur tablette. Une vraie petite révolution technique dans le monde la BD, c’est juste magique ! Et en plus, l’application se télécharge gratuitement.
Un album qui ne quitte jamais ton Ipod ou ton walkman ?
Je suis née en 77 et suis fan de vintage, mais quand même, j’ai lâché l’affaire avec le walkman (rires). Sur mon Ipod, j’écoute les playlists que me fait avec amour mon mec. Fan de Rap Us, de soul et de funk, il a complètement refait mon éducation musicale (sourire).
Une galerie ou une exposition pour l’été ?
La Galerie du Cabinet Amateur à Paris, d’où je reviens justement. Elle prend le risque de mettre en avant la scène artistique émergente, contrairement à d’autres galeries qui se contentent d’exposer toujours les mêmes artistes pour être sûrs de vendre. Je ne suis jamais déçue de sa sélection ! Elle expose en ce moment Levalet et Philippe Hérard, dont j’ai découvert le travail.

©Levalet
C’est d’ailleurs sur ses conseils que je suis allée à l’expo le Grand 8, à la réserve Malakoff. Un hangar entièrement revisité par des street artistes, avant destruction. L’ambiance m’a fait replonger dans mon premier event, mais encore plus magistral, avec 2 000 m2, 50 artistes, pour plusieurs mois, avec un bar et des concerts. Juste génial !
Un festival ?
Le Festival Jazz à Sète, au Théatre de la mer. Imagine une scène musicale en plein air, avec vue sur la mer quand tu regardes jouer l’artiste (sourire). J’y vais cette année pour voir Jurassic 5 !
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