Romain Froquet et ses « Urbans trees »
Romain Froquet est un artiste que j’ai découvert lors de sa performance à Marseille, le 18/01/2014. J’ai donc décidée d’aller vers lui et de lui poser quelques questions pour répondre à ma curiosité et partager cette découverte.
Tout d’abord, merci à toi Romain d’avoir pris du temps pour répondre correctement à toutes mes petites questions.
Q1/ Votre travail est à la fois minutieux et anarchiste par ces traits, ces couleurs rajoutées. Que voulez-vous faire passer comme message ?
J’aime et je recherche la spontanéité dans mon travail. Malgré tout il y a beaucoup de recherche en amont. Je considère un artiste comme un chercheur, quelqu’un qui se doit d’expérimenter, de fouiller, que ce soit dans la société dans laquelle je vis mais également à l’intérieur de moi-même.
Dans mes techniques de peinture ou de dessin je cherche à représenter l’ambivalence inhérente à l’être humain. Mon travail autour de la ligne et du mouvement, tout en finesse et en délicatesse fait écho aux masques que l’on porte tous. L’apport de la couleur, des jets de peinture montre que dans chaque chose il y a du mouvement.
Je travaille sur le temps qui passe. Au travers de cette notion de temporalité je me lance à la recherche de nos racines et des liens qui nous unissent. J’essaie, au travers de mes œuvres, d’illustrer notre place au sein de la collectivité et de l’humanité.
Q2/ Doit-on voir une forme particulière à travers ton travail ? Moi particulièrement je vois des arbres ! Est-ce une métaphore ou un peu de verdure/ de poésie que vous voulez apporter et rajouter dans les villes ?
Il y a en effet des éléments récurrents dans mon travail et on peut y retrouver des formes que j’ai clairement voulu faire apparaître. Comme par exemple celui de l’arbre. Je n’utilise pas de mots lorsque je peins, j’utilise des formes, des lignes, des couleurs, mais aussi des symboles qui vont m’aider à compléter mon œuvre. L’arbre va probablement être le symbole que j’utilise le plus, depuis quelques temps. C’est pour moi une métaphore de la condition humaine, plus que de la place de la nature, aujourd’hui ; il n’empêche que j’y fait référence également.
Q3/ Avez-vous toujours inscrits vos oeuvres en ville ? Depuis quand avez-vous eu cette idée ?
J’essaie de planter des arbre en ville dans des lieux qui paraissent inappropriés. Ca peut être un mur dans une ville ou une friche industrielle ou un blockhaus sur la plage. J’essaie de montrer que l’arbre (L’Homme) peut s’adapter partout et dans n’importe quel cas de figure. Même dans un lieu où en apparence nous n’avons pas notre place, on peut trouver notre place ou se faire notre place.
« Il est important pour moi de préciser que tous mes arbres sont uniques tout comme nous. »
Je suis un citadin. La ville m’a toujours inspiré, grâce à ce que je voyais dans la rue, comme l’art urbain ou l’architecture et la vie que l’on y trouve. En 2003, j’avais commencé une série de collages dans Paris. Je collais des portes, ouvertes ou fermées, sorte d’issu de secours que chaque citadin pouvait emprunter. Mais j’ai vite arrêté mon activité dans la rue car je me sentais plus à l’aise dans mon atelier et depuis 2 ans j’ai ressenti le besoin de réinvestir l’espace de la rue avec mon projet « Urban tree ».
Q4/ D’ailleurs qu’elle est votre technique pour partager ces « urbans trees » ?
La phase de réalisation de l’arbre se fait dans un atelier. Le support que j’utilise le plus souvent pour fabriquer mes arbres en est issu, il s’agit du papier. Je dessine mes lignes et mon motif à l’acrylique. L’étape 2 consiste à trouver un lieu de vie pour mon arbre. J’en emporte toujours avec moi lorsque je pars en voyage et ma mission est de trouver la place qui sera la leur. L’inverse peut aussi se produire, en fonction d’un lieu je vais créer un arbre.
Une fois collés dans la rue ils peuvent continuer leur chemin. J’aime le côté éphémère du collage. J’aime l’idée que le temps peut dégrader l’arbre ou le fait qu’il puisse être arraché s’il ne plaît pas. Car c’est ainsi qu’il évolue. Il n’est pas figé sur le mur, son histoire se poursuit.
Q5/ Vos dessins, vos illustrations sont remarquables, vous mariez les formes géométriques à des traits gracieux, tout en rondeur, qu’elles sont vos inspirations ?
Mes inspirations sont tirées de l’art africain et l’art tribal. Les masques et les statues, me fascinent, car j’apprécie ce travail autour de l’icône, du mystique et du divin. Il y a autour de cela beaucoup de symbolique et l’aspect à la fois unique et répétitif de ses travaux m’attire. Ces sources poussent ma recherche et mon travail autour de nos racines et de mes racines. Je m’applique aussi à concentrer mon travail autour de la ligne, en m’inspirant de la technique de la calligraphie chinoise qui induit un travail autour du mouvement, du corps, du bras. Elle est la répétition d’une gestuelle au cours des années. Mes autres inspirations sont diverses, en voici une énumération : Picasso, Basquiat, Angelbert Metoyer, Klimt ou encore Doze Green.
Q6/ Pouvez-vous en quelques mots nous décrire votre parcours ? Et votre personnalité ?
J’ai démarré mon parcours artistique avec le collectif 9eme concept en 2000. Ce qui correspond à mon arrivée sur Paris. J’y ai connu des fonctions allant de graphiste à directeur artistique sur des projets de collaboration avec des marques. Je n’ai cessé en parallèle de faire évoluer mon travail plastique ainsi que ma réflexion lors d’expositions collectives comme Sang 9, Go West, Open The Door… Mais également lors d’expositions solo depuis 2009.
Les voyages, enfin, viennent compléter mon apprentissage, qui est loin d’être terminé ! Mes récents séjours au Texas à Houston ont d’ailleurs été une vraie révélation pour moi : en tant qu’artiste ou tout simplement être humain je ressens le besoin d’explorer ce monde.
Q7/ Où peut-on vous trouvez ces prochains mois ( peut être qu’on aura l’occasion de voir une de vos oeuvres à Strasbourg) !? Auriez vous des futures expositions en vue ? ou des projets ?
Un listing pour terminer…
Exposition solo en cours, « Racines », à la galerie road Art à Marseille.
Le MUR – Marseille, Cours Julien, jusqu’au mois de mars.
Exposition collective « Carbone et Spirito » chez Cut & Mix à Marseille à partir du 6 février
Exposition collective « Métamorphose », à La Flaq à Paris du 15 mars au 5 avril.
Exposition solo avec Les Cadres Gault, à Genève au printemps.
Exposition à la Scott Peveto Gallery à Houston à l’automne.
Projet Urban Tree au Laos pour clôturer l’année 2014
© Joseph Bagur & Romain Froquet, 2014
Et pour finir : Son site internet : http://romainfroquet.fr/
et son vimeo : https://vimeo.com/user10227191
STACHETTI Linsdsay