Florian Rivière – Hacktiviste urbain
Petit focus sur un mouvement découvert récemment !
Depuis quelques mois à Strasbourg, on assiste à un aménagement urbain que l’on peut qualifier d’original !
Florian Rivière est le principal acteur de ce nouveau mouvement qu’envahit la ville de Strasbourg, et petit à petit les grandes villes d’Europe (Dublin, Londres,…).
Fondateur, et principal acteur de l’association Democratie Creative (2008-2012) il continue aujourd’hui ses oeuvres publiques, détournées, en se réappropriant l’espace urbain. Florian s’est prêté au jeu, et a bien voulu répondre a quelques questions malgré son clavier qwerty et la distance qui nous sépare.
Tout d’abord merci Florian, pour ta collaboration et le temps que tu nous as accordé !
Q1/ Ton travail se situe entre l’aménagement d’espace, le recyclage, et le détournement, quel est ton but dans ses réalisations ?
J’imagine des tactiques permettant à chacun d’utiliser la ville pour s’y amuser, améliorer son confort, lui donner un coté pratique dans un esprit de partage, de gratuité et de liberté totale. Ainsi la ville devient un espace de vie et pas simplement de circulation de travailleurs et de consommateurs (dont les touristes). L’urbanisme actuel est malheureusement conçu pour ces derniers, alors tel un urbaniste pirate je vogue pour trouver les failles des standards urbains et y créer de nouveaux usages.
Q2/ Tes oeuvres me font penser aux graffitis : une forme d’expression originale, exprimant ta pensée, et dénonçant un certain point de vue de la société. Penses tu que tes interventions sont aussi mal vus que les graffitis ? Aujourd’hui le graffiti est un peu plus accepté par la société, mais pas mal de personnes sont encore rétiscents à ce genre d»’art». Qu’en penses tu ?
Au contraire, je ne pense pas être lié au graffiti. L’aspect esthétique ne m’intéresse pas, ni la quantité de mes interventions, ni mon ego. Le seul point commun c’est l’occupation de la ville, sauf que je ne le fais pas à titre personnel mais dans un esprit de réapropriation collective. Mes interventions sont plutôt proches des situationnistes des années 50-60, contre la société marchande, pour la réalisation et l’épanouissement de l’individu, la participation des individus. La théorie de la dérive par exemple décrit parfaitement mon attitude en ville, et partout ailleurs.
Le graffiti est accepté par la société parce qu’il est devenu un spectacle et une marchandise sans esprit subversif. Toutes les contres cultures (hippies, punk …) ce font aspirer de leur revendication pures et il ne reste plus que des t-shirt souvenirs. Tant que je dérange mes ennemis tout va bien, c’est que mes interventions ont encore du sens.
Q3/ Hactivist urbain ? Qu’est ce que cela signifie pour toi ?
Une nouvelle contre culture est en train d’apparaître depuis la venue d’internet vers les années 80. Et au delà du monde virtuel cette culture existe aussi. Un hacktivist c’est deja la contraction de hacker et activiste.
Etre un hacker (trop souvent confondu avec un cracker qui est celui qui va bousiller votre ordinateur, votre serveur ou votre boite email dans un but malsain) c’est avant tout penser que le partage de l’information, des idées est pour le bien de tous. Je partage mes idées tel des software pour que chacun puisse les réutiliser. Je ne suis pas dans la performance toutes mes interventions sont reproduisibles.
Puis le terme activiste c’est avant tout le fait de vouloir agir sur son environnement dans une recherche de liberté de revendication. Toute personne en action est activiste, et c’est justement ce que j’essaye d’enclencher par mes interventions car trop de personnes sont passives face a leur environnement et laissent les experts technocratiques penser à leur place.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=XxXAmI5RtGk[/youtube]
Et puis pour le côté folklorique, l’esprit pirate, associé à ce terme hacktivist est assez intriguant quand on s’intéresse a la véritqble histoire des pirates, qui n’étaient pour la plupart pas des tueurs sanguinaires mais des personnes recherchant la liberté face a un systeme royaliste oppressant et injuste.
Il y a une véritable éthique du hacker à connaître, pour cela lire : The Hacker Ethic de Linus Torvalds, Pekka Himanen et Manuel Castells et aussi pour l’esprit pirate/activiste (pas la peine de rajouter des références anarchistes) : Hakim Bey, TAZ, Zone Autonome Temporaire. Pour le côté folklorique et historique il y a aussi ce petit livre : Bastions pirates : Une histoire libertaire de piraterie.
Q4/ D’ou vient cette façon de penser ? Comment en es tu arrivé à cela ? Est ce tes études ? tes influences, tes inspirations ?
J’ai toujours besoin d’agir, c’est dans ma nature, surtout dans un environnement qui ne me convient pas. Il y a trois possibilité dans la vie : la fuite, l’aggréssivité et la créativité (cf. Eloge de la fuite : Henri Laborit). J’ai tout simplement choisi la dernière. Ensuite tu mélanges ca à des concepts militaires de créativité sur l’instant, des techniques de conception publicitaires du type less is more, un peu de scout et des épisodes de MacGyver® pour les techniques de bricolage. Pas besoin d’école d’art. Je fais parce que j’ai envie de faire tout simplement.
Pour les références je citerais quelques personnes dont la pratique est similaires et qui pour certains m’ont beaucoup influencé : Mathieu tremblin, Candy chang, Collectif etc, Vladimir Turner, Brad downey, Yes men, Spy, Ivan argote, Rémi gaillard, Harmen de Hoop, Alain Bieber (Rebel:art)…
Q5/ Une infos exclus pour finir cet article ?
Alors pour l’info je participe au festival Hack the city à Dublin en Irlande (http://tinyurl.com/cdcd44w), je serais là-bas début juin, pour réaliser des jeux urbains spontanés.
Toutes les infos sur :
http://www.florianriviere.fr/
http://www.facebook.com/florianriviere
Merci à Lindsay Stachetti pour l’article