Interview « Les contrepetographes »
Je vous avais parlé il y a quelques semaines d’un duo un peu particulier qui proposait des contrepétries en version graphique. Les Contrepétographes reviennent aujourd’hui pour nous en dire un peu plus sur leurs activités.
Ils se définissent eux-même comme un « duo composé d’un contrapétiste invétéré et motscleptomane, Dominique Agnesina aka Dom au texte & d’un faux graphiste, Stéphane Massa-Bidal, aux illustrations.
On les retrouve à nouveau ces jours-ci pour une saison 2… toujours pleine de bons mots et d’une dose suffisante de graphisme. Une saison qui s’annonce à n’en point douter comme décapante !
Q1 / Bonjour et merci de m’accorder un peu de temps. Votre duo, Les Contrepetographes a déjà un an d’existence, pour ceux qui découvriraient vos activités, vous vous présenteriez comment ?
Dom : Comme deux amoureux de la langue, des jeux de mots et des images, mus par la volonté commune d’allier le beau et le drôle.
Mon idée initiale était de remettre au goût du jour l’art du contrepet, de lui donner un second souffle. J’avais un lourd héritage familial en la matière mais n’avais jamais essayé d’en composer ou d’en réinterpréter. Quand j’ai proposé le concept à Stéphane, il m’a avoué en apprécier le principe mais être un peu béotien en la matière. Aujourd’hui, il a beaucoup progressé dans l’art de décaler les sons et certains nous ont déclaré avoir découvert cet univers par notre intermédiaire. Le but semble être atteint.
En tout cas, nous sommes parfaitement sur la même longueur d’ondes tous les deux, très réactifs face au monde qui nous entoure. J’essaye de rebondir sur tous les sujets, en essayant d’utiliser des mots ou des tournures de phrases un peu surannés. J’apprécie beaucoup les initiatives de Bernard Pivot pour sauver les mots ou expressions désuets par exemple.
Stéphane : On vous fait l’humour tous les jours, du lundi au vendredi. On essaie surtout de stimuler cerveau gauche et cerveau droit, de faire travailler les différentes zones du cerveau, de faire fonctionner le corps caleux, c’est la clef de notre succès je crois.
On travaille beaucoup sur la légende des images, on a le même cheminement dans les idées et c’est parfois troublant, on se marre bien, d’une certaine façon, on converge. Il semblerait qu’on se soit bien trouvés. On est allés plus loin tous les deux que chacun tout seul, entre holisme et franche camaraderie.
Q2 / Ces jours-ci, vous lancez la saison 2 des Contrepétries avec une évolution dans le graphisme semble-t-il ! Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Dom : La charte graphique, c’est Steph ! Même si je lui ai fait part de mes remarques, et de celles de nos fidèles sur les roughs. Je les en remercie chaleureusement d’ailleurs. Ils se reconnaitront parmi ma famille, mes amis, mais aussi mes « collègues de bus ».
Stéphane :On avait besoin de changer la grille que nous avions l’année passée. Envie d’avoir davantage de niveaux de texte, de jouer sur plusieurs interlignages, de mélanger deux typos pour donner plus de rythme à la lecture, de ne mettre qu’une seule image centrale et référente, d’incorporer du signe iconique, dessin ou pictogramme pour donner des indices afin d’élargir et de séduire les novices de cet art.
On voulait surtout mélanger rétro et modernisme, c’est ma patte.
La petite nouveauté est l’ajout d’un onglet thématique pour classer nos productions. Elle donne un petit côté répertoire, vieillot, comme on aime bien.
Q3 / Votre travail pourrait sans aucun doute séduire des marques corporate… vous aimeriez travaillez avec qui ? Une idée de campagne ?
Dom : J’aime bien les pub décalées. Après les images porno chic, pourquoi pas un texte à double sens ? Une campagne de la sécu sur la nécessité de rire un quart d’heure par jour par exemple … Je rejoins Stef et rectifie le tir : « Les contrepétographes vous font l’humour dare-dare ». Hop, envoyé pour illustration…
Pourquoi pas une campagne de com’ pour une expo d’art contemporain, sinon. J’adorerais ça, je crois.
Stéphane : Comme l’ont dit Dom ainsi qu’une blogueuse sur article à notre égard : « on devrait être remboursés par la Sécu« . Mais avec la taxe décidée sur les mutuelles, je pense qu’il va falloir éviter le secteur…
En tout cas, ce serait une très bonne idée. Il est vrai que ce genre de débouché est à penser, telle une marque française, qui n’ait pas froid aux yeux ?, culturelle ou diffuseur genre FNAC, il faut qu’il y ait une connivence avec le public.
Q4 / L’actualité en 2011 a été riche en rebondissements, et 2012 nous réserve sans aucun doute de belles surprises. Ca vous inspire ?
Stéphane : là, je me tais, je laisse parler le maestro des mots
Dom : Il est clair que 2012 sera marqué par la politique, qui est un bon terreau. L’exemple type étant celui de l’album de la comtesse. J’en profite d’ailleurs pour en saluer le rédacteur qui nous a beaucoup soutenus. Je vais sans doute faire allusion à chacun des candidats mais ne manquerai pas de jongler entre l’actualité générale et mon humeur du jour (ou de la nuit , d’ailleurs. Je dis souvent que les contrepéteries sont les pollutions nocturnes de mon esprit).
Q5 / Et Rétrofuturs dans tout ça Stéphane, tu peux nous en dire un mot ?
Dom : Bon ben je vous laisse…
Stéphane : Un mot, ça va être difficile, c’est un gros morceau, tu couperas au montage…
Cette année pour mes projets personnels, Rétrofuturs se diversifie. => retrofuturs.com
Je travaille de très près les rapports textuels, et la série « The wor(l)d has changed » en en a été le premier effet.
http://www.flickr.com/photos/hulk4598/sets/72157625458269954/
D’une certaine façon, je reviens vers mes premières amours que sont la littérature, le rapport des mots des textes et slogans dans notre société. Dans cette optique, j’ai développé trois gros projets :
—- Le premier s’appelle « Buy less, fuck more » où je décline des textes sur différents supports adaptés (culottes, boxers, tee shirts et tabliers de cuisine), un autre mode de consommation ;
—- Le second ressemble plus à OVNI littéraire : je travaille des textes érotiques écrits sous contrainte (à la manière des « Exercices de style » de Raymond Queneau). Je compte ainsi réaliser un ouvrage écrit et illustré avec mon style.
—- Enfin, je viens de lancer un dernier projet depuis le 1er septembre, à contre-courant complet du graphisme que je développe et qui tente de souligner l’absurde de la vie moderne, un peu à la manière de Pierre Dac avec son « Os à moëlle« .
Ça s’appelle Stage de développement personnel : une esthétique à la powerpoint, du coaching autrement.
Un projet de 365 jours avec une image par jour.
https://www.facebook.com/pages/Stage-de-d%C3%A9veloppement-personnel/130421117053295
Quelques liens pour en savoir plus :
Merci du post, un vrai plaisir
Merci… Plaisir et joie de recevoir.
Merci Anne pour cette analyse :)
La procrastination est parfois plus douce avec de l’humour et beaucoup moins culpabilisante aussi !
Merci pour l’interview, c’est ce qu’il fallait!
Excellent, merci de nous les avoir dégottés!